Sommet extraordinaire des chefs d’État de l’UA à Kigali

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Du 20 et 21 mars 2018 à Kigali s’est déroulé le sommet extraordinaire des chefs d’Etat de l’UA à Kigali. Ces deux journées ont permis de célébrer la signature du nouvel accord sur la Zone du libre-échange continentale (ZLEC) et de témoigner de l’engagement du secteur privé à réussir sa mise en œuvre.

Le Président du Conseil National du Patronat du Togo (CNP-Togo) a participé à ce sommet.

La journée du mardi 20 mars 2018 était dédiée à un petit déjeuner-débat qui s’était déroulé sous l’initiative du comité exécutif Afro Champions sous le thème : « Du Made in Africa au Made for Africa : comment la ZLEC peut contribuer au développement de solutions sur mesure pour le continent ? » 

Cette première rencontre a été conçue comme une série de discussions entre des panélistes provenant de différents horizons : organisations internationales, grandes entreprises, gouvernements, organisations patronales. Ils s’étaient  réunis autour d’un même objectif : nourrir le débat sur une bonne mise en œuvre de l’accord sur la ZLEC et accroître, de cette manière, ses chances de réussite. La rencontre avait pour objectif de mettre en lumière les enjeux et les opportunités offertes par la ZLEC, grâce aux témoignages de représentants de la communauté d’affaires africaine, ayant une solide expérience du commerce intra-africain.

 Il est essentiel d’encourager le dialogue entre les secteurs public et privé ; un consensus est clairement apparu sur la nécessaire participation des entreprises à l’élaboration des politiques publiques, mais aussi au contrôle de leur mise en œuvre. 

Ce que nous retenons des différents échanges :

  • Il est essentiel d’encourager le dialogue entre les secteurs public et privé ; un consensus est clairement apparu sur la nécessaire participation des entreprises à l’élaboration des politiques publiques, mais aussi au contrôle de leur mise en œuvre. 
  • Il faut être pragmatique et conscient que beaucoup reste à accomplir pour faire de la ZLEC une réalité : investir dans la formation, les infrastructures et les télécommunications, coordonner les politiques économiques aux niveaux sous-régional et continental et concevoir des financements innovants pour soutenir les échanges entre les pays. 
  • Il faut avoir l’ambition de créer davantage de géants africains industriels et commerciaux afin de donner plus de poids au continent et de lui permettre de compter davantage sur la scène internationale et dans les échanges mondiaux.
  • Il faut garder en mémoire les enjeux propres à l’Afrique et à l’aune desquels le succès de la ZLEC sera mesuré, tels que l’inclusion des jeunes et des femmes. Le deuxième panel a dans ce sens permis de souligner l’importance d’inclure au maximum les PME aux chaines de valeur régionales car elles sont porteuses d’emplois. 

Pour S.E. Monsieur Li Yong, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le Développement industriel (UNIDO) : « lorsque vous adhérez dans la ZLEC, cela ne signifie pas que vous en bénéficierez nécessairement ; à la vérité, si vous n’avez pas la capacité d’impliquer le secteur manufacturier dans la ZLEC, celle-ci ne sera pas une opportunité, bien au contraire. »

Monsieur Jean-Louis Billon a ajouté, pour sa part, que l’industrialisation du continent requérait davantage de compétitivité dans le secteur de la logistique : « Aujourd’hui, le port d’Abidjan est 59% plus cher que le port de Tema. Chaque jour, quand j’exporte une tonne de caoutchouc, je paie 9 dollars le kilogramme à Tema et 14 à Abidjan. C’est un enjeu, et il faut lancer ce genre de discussion au sein de votre gouvernement pour alerter sur ce que l’on fait de l’autre côté de la frontière. Il y a clairement un travail de benchmark à faire pour nous adapter aux meilleures pratiques en la matière. » 

Les débats se sont également orientés sur la capacité du continent à se construire des modèles propres.

Monsieur Kris Senanu, Directeur général du département « Enterprises » de Telkom Kenya l’a bien souligné : « Je pense qu’en fin de compte, un modèle de financement participatif construit pour l’Afrique pour faire appel à une base plus large de financeurs sur le continent sera un vrai moteur pour la ZLEC. »

Monsieur Samba Bathily, PDG du groupe ADS a rappelé par exemple l’importance de penser en termes de chaines de valeur régionales pour faire en sorte que tous les pays bénéficient de l’accord et éviter de créer une ZLEC à deux vitesses, avec des gagnants et des perdants : « Pour que la ZLEC soit une réussite, nous avons besoin mettre en place des hubs qui tiennent compte des avantages comparatifs de chaque pays. Par exemple, si nous devions créer un hub pour le cacao, la Côte d’Ivoire et le Ghana seraient choisis pour être des hubs. Nous pouvons mettre en place d’autres hubs en matière d’énergie. La Guinée et la RDC disposent de tous les atouts pour devenir des hubs en matière d’’hydraulique. Des pays, tels que l’Ile Maurice, le Sénégal et le Cap Vert pourraient être des plaques tournantes du tourisme. Nous, Africains, qui représentons le secteur privé, le gouvernement ou les institutions financières, nous devons nous réunir et décider de la spécialisation de chaque pays. »

Pour S.E. Monsieur le Docteur MukhisaKituyi, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED),il est « autant nécessaire de faciliter le commerce que de faciliter les investissements, en se dotant d’un référentiel de gouvernance en constante amélioration et en généralisant les meilleures pratiques », ce qui signifie, qu’en fin de compte, les gouvernements doivent accepter des normes de gouvernance communes. Sans oublier bien évidemment de rester ambitieux pour l’avenir et d’espérer que l’Afrique se transforme en « atelier du monde », tel que S.E. Monsieur Olusegun Obasanjo, ancien Président de la République Fédérale du Nigeria et parrain de l’Initiative Afro Champions, l’a souligné dans son discours d’ouverture : « Nous parlons de comment passer du Made in Africa au Made for Africa. Permettez-moi de définir un peu ce concept et ceux d’entre vous qui ont apporté cette idée, j’espère que vous me pardonnerez : « made in Africa» ?! Nous devrions fabriquer en Afrique, certes, par des Africains mais pour l’Afrique et pour le reste du monde. »

Un Memorandum of Understanding (MoU) avec l’Union africaine a été signé à la rencontre.


Le MoU  permettra de soutenir le département commerce et industrie de la Commission de l’UA dans ses efforts de promotion de la ZLEC auprès des différentes parties prenantes. Il instaure un dialogue public-privé autour de la ZLEC afin de favoriser une mise en œuvre fluide et efficace de cet accord pour l’ensemble des pays et des acteurs économiques du continent. Dans ce cadre, des représentants de l’Union africaine participeront notamment à une série de rencontres thématiques avec les communautés d’affaires locales, afin de recueillir les questions et préoccupations au sujet de l’accord sur la ZLEC. Le MoU prévoit également de travailler, avec l’Afreximbank, à l’organisation de réunions régulières régionales dédiées à la mise en lumière de gros projets économiques susceptibles d’impacter simultanément plusieurs pays. L’accord stipule également une étroite coopération académique entre l’Initiative Afro Champions et la Commission de l’UA, la première s’engageant à partager les travaux de son centre de recherches sur les entreprises africaines et les conditions de leur développement.

La journée du mercredi 21 mars 2018 a été consacrée à la réunion des chefs d’État.

« Après Addis-Abeba, Abuja et Durban, Kigali marque une nouvelle étape dans notre marche vers plus d’intégration et d’unité. » C’est par ces mots que le Président de la Commission de l’UA, S.E. Monsieur Moussa FakiMahamat, a exprimé son émotion devant les chefs d’États et de gouvernement présents au sommet. Le Mercredi 21 mars 2018 a, en effet, été un jour historique dans la construction africaine. Sur les 55 États membres, 44 ont signé l’accord sur la ZLEC, tandis que 47 ont signé la déclaration de Kigali et une trentaine de pays ont signé le protocole sur la libre circulation des personnes. Cette date historique a réellement marqué le début de la création du marché unique panafricain.

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